© Christophe Raynaud de Lage
Un spectacle en trois mouvements, pour deux artistes et une musique mécanique, aux fins de transformer la contrainte en poésie.
Un jour de 1986, Marc Perrone m’a proposé de jouer pour les détenus de la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, avec Carlo Rizzo, percussionniste.
C’était ma première rencontre avec le milieu carcéral et je découvrais naïvement que l’expérience n’allait pas de soi. Le nombre de sas, de couloirs, de pièces, de clés, de portes à ouvrir est un parcours de mise en condition. On ouvre des portes verrouillées que l’on referme derrière l’acteur.
Sans soutien technique scénique, le « semblant » n’a pas sa place. La représentation est juste ou n’est pas, sans appel. L’artiste est, comme le détenu, face à sa condition.
Ce jour-là, à Fleury-Mérogis, je me suis demandé durant toute notre prestation, pourquoi les détenus rentraient et sortaient de la salle de spectacle.
C’était un va-et-vient constant très déstabilisant pendant que nous jouions pour eux.
La prestation leur plaisait-elle ? Ne leur plaisait-elle pas ? Curieux ? Pas curieux ? Déstabilisés ?
Trouvaient-ils cela utile ? Inutile ? Étaient-ils sensibles ? Insensibles ?
La réponse, surprenante, était tout à fait d’un autre ordre.
Le gardien, que j’interrogeai sur ces déplacements, me répondit qu’il était rare que des portes restent ouvertes. Et il m’expliqua ceci :
Les détenus passent cette porte pour le plaisir d’en franchir librement le seuil, pour connaître la « sensation » de passer une porte ouverte.
Au début de notre travail, Markus et moi, nous avons beaucoup travaillé sur la prison, nous avons lu, regardé des films, fait des rencontres. Si nous avions besoin d’aller là, au cœur de l’enfermement c’était sans doute pour nous interroger sur tous les enfermements que chacun d’entre nous subit et produit chaque jour, c’était aussi sans doute pour trouver comment parler de l’évasion possible.
Au bout du compte, théâtre musical, théâtre gestuel, d’ombres, d’objets, tout cela à la fois et peu importe, « ICI. » est un spectacle libre sur la contrainte, une machinerie pour corps et émotions, un essai poétique, une tentative de nous parler d’un monde qui est le nôtre. Nous parler d’ICI.
Jérôme Thomas
ÉQUIPE ARTISTIQUE
Un projet de Jérôme Thomas, Markus Schmid, Pierre Bastien
Avec Jérôme Thomas, Markus Schmid
Musique et création des machines musicales Pierre Bastien
Pilotage des machines en direct et création sonore Ivan Roussel
Lumière et scénographie Bernard Revel, assisté de Dominique Mercier-Balaz pour la création lumière
Costumes et accessoires Emmanuelle Grobet
Régie générale et plateau Julien Lanaud
Construction décor et machinerie de scène Franck Ténot Atelier prelud – Olivier Gauducheau – Basile Bernard
Assistante administration Léa Mattéoli
Presse Olivier Saksik
Direction de Production Agnès Célérier
Production Association ARMO / Cie Jérôme Thomas avec le soutien de la Cie Andrayas.
Co-production Comédie de Caen – Centre dramatique national de Normandie/ Agora PNC de Boulazac / Théâtre Dijon Bourgogne-Centre dramatique national
ARMO / Cie Jérôme Thomas est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication-Drac Bourgogne et le Conseil Régional de Bourgogne.
Avec le soutien de l’Artdam – agence culturelle technique.
Remerciements à Pierre Bolze et aux techniciens du TDB, Antoine Barre-Foncelle, Jean-Marc Bezou et Gérard Ravé
ILS EN ONT PARLÉ…
« Le public est aux anges. Le niveau de technicité fait son effet, mais ce sont la musicalité, la drôlerie et la poésie des gestes qui provoquent l’enthousiasme général. Au cirque la Brèche, à Cherbourg, le temps est suspendu. Bienvenue dans le monde de Jérôme Thomas. » L’Express / Igor Hansen-Love (2010)
» ‘Ici’ est un spectacle fort, évocateur, sensible » Sud Ouest / Chantal Gibert (2010)
« Vivant, ce spectacle l’est. Et magnifiquement. » Le Bien Public / Guillaume Malvoisin (2010)