Anciens spectacles Compagnie Jérôme Thomas |
Ici. Compagnie Jérôme Thomas |
| Création 2010 |
Jérôme
Thomas L’art est-il un moyen de passer une porte ? |
Ici. Distribution |
Pierre Bastien Composition musicale pour "Ici." |
Markus Schmid
L'objet et moi |
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Un projet de Jérôme Thomas, Markus Schmid, Pierre Bastien Spectacle en trois mouvements, pour deux artistes et une musique mécanique aux fins de transformer la contrainte en poésie « Here. » a show by Jérôme Thomas, Markus Schmid and Pierre Bastien Our new creation in three movements, for two artists and mechanical music, to go from constraint to poetry
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Un jour de 1986, Marc Perrone m’a proposé de jouer pour les détenus de la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, avec Carlo Rizzo, percussionniste. C’était ma première rencontre avec
le milieu carcéral et je découvrais naïvement que l’expérience
n’allait pas de soi. Ce jour-là, à Fleury-Mérogis, je
me suis demandé durant toute notre prestation, pourquoi les détenus
rentraient et sortaient de la salle de spectacle. |
La réponse, surprenante,
était tout à fait d’un autre ordre. Au début de notre travail, Markus et moi, nous
avons beaucoup travaillé sur la prison, nous avons lu, regardé
des films, fait des rencontres. Si nous avions besoin d’aller là,
au cœur de l’enfermement c’était sans doute pour
nous interroger sur tous les enfermements que chacun d’entre nous
subit et produit chaque jour, c’était aussi sans doute pour
trouver comment parler de l’évasion possible. Jérôme Thomas |
Un projet de Jérôme
Thomas, Markus Schmid, Pierre Bastien Musique et création des machines musicales : Pierre
Bastien Production : Association ARMO / Cie Jérôme
Thomas avec le soutien de la Cie Andrayas. ARMO / Cie Jérôme
Thomas est conventionnée par le Ministère de la Culture
et de la Communication-Drac Bourgogne et le Conseil Régional de
Bourgogne. |
Comment
faire rêver avec une feuille
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Par une heureuse coïncidence, Jérôme Thomas et moi sommes intéressés au même moment par la même matière -le papier- et le même but - faire évoluer ce papier à des fins plastiques en ce qui le concerne, à des fins musicales pour ma part, comme si cette matière était dotée d'une vie propre. Deux de mes installations ont pu ainsi être intégrées au décor : les Orgues de Papier aux feuilles de calque flottant sur une suite d'accords d'harmonium, et les tout récents Serpents de Papier -des souffleries latérales de type "tangentiel" qui animent de longues lanières de papier calque ondulant vivement de part et d'autre de la scène qu'elles emplissent de cliquetis, par instants comme un bruit de pluie sur des vitres, à d'autres moments comme un orchestre de tambourinaires. Un autre matériau simple rythme le début du spectacle : un puis deux, puis trois, puis quatre élastiques tendus verticalement et pincés par un doigt invisible. Au fur et à mesure de leur apparition dans une lucarne qu'ils ferment comme des barreaux de prison, la ligne de basse d'abord minimale s'étoffe peu à peu et engendre la musique enregistrée, jusqu'à la rupture qui laisse le champ sonore à la mélodie des flûtes rotatives. Le dispositif principal de la dernière partie est constitué d'une seule machine à fonctions multiples, percussive, harmonique et mélodique. |
Musique Mécanoïde est un orchestre mécanique construit en meccano, dont la forme est rectangulaire de façon à pouvoir être illuminé par un projecteur puissant qui projette son ombre agrandie en fond de scène. En plaçant la machine en avant-scène pour que le public en apprécie le fonctionnement réel, on obtient en fond de scène une sorte d'usine sonore virtuelle dont la taille n'est limitée que par le volume scénique. Dans l'ombre des poutrelles de la machine, les acteurs peuvent ainsi évoluer à l'intérieur de l'engin et dialoguer avec les poulies, les cames et les bielles dont les mouvements agrandis répercutent les grandes manipulations qui caractérisent la fin du spectacle. Pierre Bastien, mars 2008 Les machines, robots, sculptures sonores, installations
musicales de Pierre Bastien dans « Ici. » par ordre d’entrée
en scène : |
Au sein de la compagnie Andrayas s’invente un langage où les objets quittent leur statut de "corps étranger" pour devenir des prolongements de l'acteur. Un langage où les différences du corps et des objets pactisent pour faire surgir une vision nouvelle du geste. Les objets ainsi manipulés, dégagent l'impression de perdre leur poids et d'être soumis à d'autres lois que la gravité. Dans ce projet, cette recherche trouve un écho évident. Comment le dialogue entre corps charnel et objets inertes
est-il possible ? S'éduquer à la privation (d'un membre ou d'une partie du corps) L'acteur est mis en constante situation d'empêchement
: il improvise des chutes au sol, sans ses mains, il marche avec des genoux
indissociables, il porte un objet sans l'utilisation de ses bras, etc. |
S'adapter à l’objet Munis de ce réflexe constant d'adaptation à
la privation, l'acteur va pouvoir intégrer la manipulation d'objets.
Il n’évolue pas autour des objets, mais les adopte comme
partenaires vitaux de ses mouvements. Se mettre au niveau de l’objet, simplifier son
corps par une maîtrise rythmique et articulaire, c’est permettre
à l’objet d’apparaître dans l’espace poétique
comme un être vivant. Markus Schmid Cie Andrayas |
Markus Schmid et Jérôme
Thomas se sont rencontrés en 2001 à l’occasion
d’un stage. Leurs recherches ont trait toutes deux au mouvement
et à l’objet. Ils y sont venus par des voies différentes. La rencontre avec Pierre Bastien, musicien, poète, inventeur de merveilleuses machines musicales a ouvert de nouveaux champs à cette collaboration.
Markus Schmid,
swiss mime and Jerome Thomas met in 2001. And till this
moment they decided to work together and cross their researches about
movement and objects manipulation. |
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Les sensations s’engrangent, cheminent et finissent parfois par revenir sous une autre forme. Une sorte de vengeance des choses en somme, ou de remède à leur oubli. Entre l’étincelle et son devenir dans une création, il peut s’écouler des années. Mettons vingt-cinq. Peu importe, un rouage nouveau est en place. Vient à plein qui sait mûrir. Prison. C’était donc il y a quelques années.
Ce géant de Jérôme Thomas était encore tout
petit. Il venait à peine de commencer sa carrière de jongleur
et officiait depuis deux ans au cirque d’Annie Fratellini. Bientôt,
il délaisserait la piste pour le cabaret, puis pour un nouvel espace
déniché entre jonglage et musique, grâce à
sa rencontre avec Marc Perrone. Donc, un jour de 1986, l’accordéoniste
diatonique lui propose de jouer pour les détenus de la maison d’arrêt
de Fleury-Mérogis. Ce fut la première rencontre de Jérôme
Thomas avec un milieu carcéral. |
Un autre cheminement que la rencontre de deux artistes en quête de mouvement et d’élasticité de l’objet. Ils ont souvent travaillé ensemble, mais sur des «formes mineures et courtes», raconte Jérôme Thomas à l’issue de la représentation. Ils mijotaient l’idée d’un duo. Les voilà comme en miroir, manipulant des fourchettes, des seaux et une substance flasque dans un leitmotiv mécanique. L’absurde est drôle, la gestuelle grotesque et grinçante, comme le son de la fourchette qui raye le métal de la table. La violence de l’inanité de leur existence monte crescendo. C’est le premier tableau d’Ici., qui fait entrer le spectateur par l’extrémité étroite de l’entonnoir. Par le trou de serrure d’une cellule. Très tôt, le jongleur a compris la fertilité du croisement avec les autres arts. La relation du jonglage et de la musique a fait le succès d’Artrio, puis Jérôme Thomas a exploré la voie de la danse. Son précédent spectacle, Libellule et Papillons !!, était ainsi basé sur la chorégraphie de Pedro Pauwels. «C’est la création qui m’a amené au jonglage, et non l’inverse !» dit-il, dans une monographie qui vient de paraître (1), pour expliquer sa boulimie de formes artistiques hybrides. Evasion. Lui se voit tourner toujours autour d’un même centre, traquant les objets, cherchant «les nouvelles contraintes inexplorées qui permettent de faire émerger de nouvelles possibilités de mouvements». Ainsi dans l’enfermement y a-t-il bien des moyens de jouer la manipulation des objets et des corps. Loin du jonglage de balles attendu, l’artiste joue là avec quelques boules de papier froissé, déplace des pans de décors qui vont matérialiser d’un coup l’enfilade de portes de cellules ou bouge des plaques dans une projection onirique de l’évasion possible. |
«J’étais dans du jonglage concret, là je suis passé à du jonglage abstrait», lance comme une évidence Jérôme Thomas, grand front, les yeux ensemble ceints et agrandis par le maquillage. D’ailleurs, en dehors du thème de la contrainte, cette création a commencé par «une toute petite idée». D’une feuille de papier, 21 x 29,7. Peut-on faire rêver d’une feuille ? Peut-on l’investir gestuellement d’un imaginaire ? Pierre Bastien est l’ombre du trio. Le créateur d’étonnantes machines musicales a composé une musique pour ses sculptures sonores, les Orgues et les Serpents de papier, qui rythme le jeu des deux acteurs-jongleurs. Musique mécanoïde, mécano de sons, se projette dans l’ultime tableau comme un arbre en mouvement. Avec Ici., Jérôme Thomas a construit une œuvre inclassable, faite de corps et d’objets sous pression qui conservent une étincelle libertaire. On pourrait y voir une métaphore de l’art, quand il permet de passer enfin le seuil, vers un au-delà prometteur. |
Arrimé à un Meccano musical signé Pierre Bastien, un spectacle physique et plastique étonnant sur l’enfermement et l’évasion. « L’espace a toussé sur moi », écrit Henri Michaux. D’espace, il est fortement question dans ce spectacle d’une magie prenante, fruit de la collaboration de trois artistes aux parcours singuliers : Jérôme Thomas, Markus Schmid et Pierre Bastien. Coincés à l’avant-scène,
deux hommes s’efforcent tant bien que mal de partager une chaise.
Un vent sournois les y contraint par une poussée irrésistible.
Plus tôt, on les a vus assis à une table, mélange
de clowns et de laborantins, triturer fébrilement une pâte
verte ou s’acharner sur des objets qu’ils emballent. Leur
gestuelle évoque une répétition mécanique,
mais curieusement vrillée… Ça ne tourne pas tout à
fait rond. Comme si les deux compères résistaient à
une force qui les dépasse, sans que l’on sache pour autant
si tout ça se déroule dans leur tête ou dans la réalité
; intérieur et extérieur semblent ne faire qu’un dans
cette création finement ciselée. |
(…) Au soir d’une journée particulière et remuée, la Compagnie Jérôme Thomas a choisi de jouer son dernier spectacle ICI. En temps de crise, qu’on réserve les théâtres vides aux peuples morts. Chaleur humaine Vivant, ce spectacle l’est. Et magnifiquement. Spectacle carcéral guidé par le cruel manque d’espace, ICI. embarque le spectateur dans une révolte, celle du corps contraint, par l’armée, par l’école, par la prison, ces corps “dociles” chers à Foucault. ICI. c’est la prison. Elle ronge et nourrit chaque geste du duo formé par Markus Schmid et Jérôme Thomas (…) C’est froid, implacable et on en crève presque de vouloir la chaleur humaine au cours des deux premiers mouvements du spectacle. Se déroule devant nous l’évidence d’un petit miracle ou comment la perversion de toute organisation forcée ouvre radicalement sur le poétique et le solidaire et libertaire. L’autre belle réussite, rageuse et émouvante, est de montrer qu’il y a ici plus d’appels à la révolte que dans tout discours militant ou politique. Elle est immense la force de dissidence et d’insurrection portée par les orgues de papier de Pierre Bastien. Toutes affaires cessantes, posez vos banderoles, rebouchez vos jerricanes et courrez visiter la bande de poètes-acrobates et son appel à l’homme libre. |
Pari gagné. La première de «
Ici. », le spectacle de Jérôme
Thomas et Markus Schmid, a été saluée par trois longs
rappels. C'était un événement très attendu.
Il s'agissait d'une création nationale donnée pour l'ouverture
de la saison de l'Agora de Boulazac (…) Fort et évocateur |
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