© Corinne Pettini
Depuis quelques années, avec le regain d’intérêt pour le cirque, le jonglage s’est démocratisé. Mais on ne le considère toujours pas comme un art à part entière, alors qu’il est vieux de 4000 ans avant Jésus-Christ. Pour le moment, l’avenir des jongleurs c’est le cirque, le cabaret, le music-hall, quelquefois, le théâtre comme un élément purement décoratif. La plupart du temps, c’est la rue…
Dans la conscience collective, l’image du jongleur reste liée au cirque. Et en effet autour de 1870, les jongleurs s’y sont tous ralliés quand celui-ci est devenu une forme de spectacle populaire et rentable. Maintenant, ils essayent d’en sortir car le jonglage de cirque c’est la virtuosité, la performance pour la performance, trop souvent réducteur. Mais c’est difficile d’échapper à la tentation de la virtuosité car dans nos sociétés, la virtuosité est liée au travail et le travail c’est respectable. Moi, je me situe plutôt comme un manipulateur d’objets. Ce qu’ont été Chaplin, Buster Keaton, WC Fields, les Marx Brothers qui développaient des gags sur cette grâce qu’ils avaient à détourner les objets de leur fonction initiale. La référence, c’est bien sûr « Le ballet des petits pains » dans la « Ruée vers l’or » de Chaplin…
Je fais en sorte que des opportunités pour jongler me soient données en tous lieux, dans des cadres divers, à travers des rencontres et des collaborations dans les domaines de la danse, des arts plastiques, de la musique… A Bastia j’ai improvisé avec des musiciens de jazz, mais j’aurai pu faire le même type de travail sur des textes dits par des comédiens. Je refuse d’appartenir à une seule famille. C’est en cela que mon statut est à la fois inconfortable et commode. Inconfortable parce qu’on me dit toujours : « Vous n’êtes pas danseur, ni musicien, ni comédien, ni mime…. Comment vous situez-vous exactement ? ». Confortable parce que je suis un peu tout cela à la fois.
Que veut dire moi jongler ? C’est un langage, un moyen de communiquer, de créer des situations, de développer des choses, d’intervenir… C’est aussi une conscience, une pratique. Jongler m’a beaucoup appris. On apprend beaucoup à regarder rebondir des balles… A prendre le temps, par exemple. A privilégier l’expression au détriment de la performance, de la virtuosité. A revenir sur des notions essentielles : la simplicité, la répétitivité (qui ne doit pas être assimilée à quelque chose d’ennuyeux…)
Des gens viennent quelquefois me voir et me disent « J’ai envie de jongler ». Comme ils diraient « j’ai envie d’apprendre l’italien ou la guitare ». J’en suis heureux car ils ont compris le fort pouvoir d’expression du jonglage. Mais très vite ils veulent faire de la technique. Savoir comment ça fonctionne au détriment de ce qu’il y a à dire avec cet outil.
« Extraballe » est le souffle naïf d’une interprétation d’un monde, d’un art, d’une narration, d’une forme.
Jérôme Thomas
Lyon 1990
ÉQUIPE ARTISTIQUE
Par Jérôme Thomas
Musique Laurence Olivier
Lumières Olivier Maneveau
Mise en scène Hervé Diasnas, Jérôme Thomas
Accessoires Joe Illiviery
ILS EN ONT PARLÉ…
A venir…